Infos française: Elisabeth Brainos, l’art pour garder foi en la vie

Elisabeth Brainos possède un parcours de vie des plus originaux. Un mélange de cultures, une histoire de vie et une vision du monde qui se retrouve au cœur de son œuvre.

« L’art, l’amour et l’amitié sont trois choses importantes pour moi. Avec ça, on règle déjà pas mal de choses. » En ce jour de ciel gris et bas, une silhouette tout juste débarquée du sud de la France illumine la place du Châtelet, à Paris. Foulard pourpre sur la tête, yeux dessinés au khôl noir, Elisabeth Brainos ne passe pas inaperçue tant elle dégage de chaleur, de joie et de bienveillance. Elle a quelque chose de ses sculptures, le sourire, les yeux émerveillés et émerveillants, un cou élancé. Un côté onirique et « brillant » à l’image de ses œuvres. Une présence rassurante.

Se serrer la main est immédiatement mis de côté tant l’embrassade parait évidente. Est-ce que cette émanation d’affection-attraction est due à son côté méditerranéen ? Elisabeth Brainos est grecque par sa mère, mais son père est d’origine russo-ukrainienne. Et elle naît en 1949 en Colombie. Ses parents rejoignent la Résistance française pendant la guerre, puis s’en vont faire fortune en Amérique latine après la victoire des Alliés. « Ils sont revenus en France après la guerre, avec deux enfants et un grand sac de café ! » Elisabeth, qui n’a alors qu’un an, s’installe à Antibes, mais, confie-t-elle, avec peut-être tout de même le souvenir dans son âme de cet amour des couleurs qui ne la quittera plus. Parce que son inspiration première n’est pas sud-américaine, mais avant tout grecque.

L’amour, fil conducteur

Contempler ses œuvres, c’est penser à Brancusi, Klimt, Chagall, avec des personnages fins, le nez dans le prolongement du front, « mais mon inspiration vient en fait de la sculpture grecque, dont les idoles cycladiques (3 000 ans av. JC). Ça me fascine ». À partir de là, Elisabeth apporte de la couleur par le biais des pierres incrustées au bronze. « C’est le monde méditerranéen qui m’inspire, pas le monde russe ; car j’ai d’ailleurs coupé très vite les liens avec mon père, donc avec sa culture, confie-t-elle, ne préférant pas développer. Mais il y a six ans, j’ai été invitée en Russie. J’avais tourné le dos à ce monde russe. Pourtant, je me suis sentie à la maison, j’ai adoré les gens. Ces femmes extraordinaires qui m’ont reçue. J’y suis retournée neuf fois. Maintenant, je concilie ces deux mondes. » Et l’artiste de renouer finalement avec une partie de ses origines, d’autant plus qu’elle vit depuis quelques années une « grande histoire d’amour » avec un photographe russe.

L’amour qu’on peut percevoir comme le fil conducteur de l’œuvre d’Elisabeth Brainos. « Toute ma création, explique-t-elle de sa voix enchanteresse, va vers ce qui devrait être, l’amour, l’amitié, le jeu, l’enfance. Je ne suis pas quelqu’un qui va convaincre par l’expression de mon art. Ce qui se passe dans l’actualité est omniprésent dans toutes les consciences. Mais je ne craque pas mes blessures dans mon art, au contraire, je veux montrer un monde joyeux. Mes créations sont de plus en plus tournées vers l’amour. » Malgré l’aura joyeuse et sérieuse qu’elle possède, l’artiste concède être extrêmement pessimiste sur le monde actuel. Une des raisons d’ailleurs, peut-être inconsciemment, pour laquelle elle n’a pas eu d’enfant. « Mais je me soigne, s’amuse-t-elle à dire en levant les yeux au ciel, et je soigne le monde par mes œuvres qui sont à l’opposé de ce sentiment. Oui, je suis très pessimiste. L’Homme est tellement arrogant, il n’a plus notion de ce qu’est l’humain, ni l’animal d’ailleurs. Mes créations sont une thérapie pour ceux qui n’ont plus foi en la vie, je crois. »

«Réunion de femmes». © Elisabeth Brainos

Soigner et se soigner par la beauté

Une thérapie qui tourne à plein régime, car Elisabeth Brainos est une boulimique de travail et avoue « angoisser » à l’idée de partir en vacances loin de son atelier de Vallauris (Alpes-Maritimes) dans lequel elle crée depuis bientôt six ans. Un atelier où se retrouvent des fidèles et des néophytes, un lieu magique où s’amoncellent des œuvres de toutes tailles. « C’est viscéral. Sans mon art, il n’y a plus rien. Enfin, si, il ya l’amour, mais ça n’est pas suffisant ! » L’artiste entend saisir les visiteurs grâce à l’émotion. « Je ne fais rien pour le fait de vendre, je crée pour réparer, j’ai l’impression d’aider les gens à ressentir des choses qu’ils ne sentiraient pas sinon. Et ça, c’est bien… Cette impression de soigner les gens. Pour moi, c’est une thérapie. » Et Elisabeth Brainos de se demander ce qu’elle deviendrait si elle n’avait pas ça. « Si je n’ai pas ça, je meurs à l’intérieur. S’il n’y avait pas de visiteurs, je continuerai, mais c’est quand même un élément essentiel, le partage. Et puis je serais embêtée pour stocker ! »

On ressent à l’écouter que la créatrice ne joue pas, elle n’a rien à défendre sinon le partage des « belles choses ». Et de vitupérer : « Des trucs comme Koons, c’est un pêché ! On ne peut pas habituer l’œil humain à ça… À partir du moment où ce qu’on veut faire c’est du fric, ça ne va plus tout ! »

Rien ne semblait destiner Elisabeth Brainos à cette carrière artistique hors paire. Dès son plus jeune âge, elle se passionne pour le théâtre, mais entreprend tout de même de faire une maîtrise de lettres à Aix-en-Provence pour « rassurer » sa mère. « Mais je ne pouvais pas supporter la vanité des comédiens. J’ai arrêté la mort dans l’âme. J’étais extrêmement timide, sauf sur scène. » Le destin en décide autrement. En maternelle à Vallauris, elle participe au concours organisé lors de la fête de Saint-Claude, le saint patron des potiers. « Pablo Picasso était là et il a choisi mon Saint-Claude ! Mais ma mère était absente, la dame qui s’occupait de moi n’a pas voulu m’emmener à la remise du prix et je ne suis pas montée sur ses genoux ! »

«Chat de Noël» (détail). © Elisabeth Brainos

Ne pas avoir fait les Beaux-Arts n’empêchea pas Elisabeth Brainos de peindre, de créer des bijoux, de passer par la photo et les arts numériques avant de se concentrer exclusivement à la sculpture. Et l’artiste d’insister que, si elle en est là aujourd’hui, c’est grâce au cercle d’amis qui lui a fait confiance. « Tout ce qui est magique m’attire. Je ne travaille pas en amont, je pars souvent de minéraux, puis je construis autour de ma sculpture. Je sais dès le départ où je veux aboutir. Je travaille la résine, la cire, puis le fondeur me la transforme en bronze. À partir de là, il faut ciseler, ajuster les pierres, patiner… Le bronze est un matériau très lourd, très masculin, sérieux, et c’est la pierre qui lui donne de la lumière, qui l’allège, qui le rend joyeux. Je vais jusqu’au bout de ma fatigue quand je travaille, c’est pour ça que mon atelier est en désordre. »

Elisabeth Brainos prépare aujourd’hui une exposition qui doit se tenir à Héraklion, en Grèce, son pays de prédilection. « En ce moment, je suis dans les cercles. » Et de montrer sur son téléphone l’une de ses dernières créations et d’expliquer : « Ces amoureux sont dans un cercle, en dehors de l’autre monde. Je suis plutôt dans le doux. » Un qualificatif qui lui va si bien. Son art, empreint de douceur, reflète son engagement envers la beauté, l’amour et l’émerveillement. Elisabeth Brainos, une artiste dont l’œuvre rayonne d’une lumière qui soigne et inspire l’âme de ceux qui la contemplent.

«L’anniversaire». © Elisabeth Brainos

www.elisabethbrainos.com

Bibliographie :

Histoire de l’Europe/La formation des États européens.,Redirection vers la fiche de de l’éditeur.

L’âge d’or de l’ordre masculin – La France, les femmes et le pouvoir 1804-1860.,Lien sur la fiche de présentation de ce livre.

Secret d’Etat.,Redirection vers la fiche de présentation.

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