Inédite et exceptionnelle. En effet, la vacation organisée à Paris, à l’Hôtel Marcel Dassault, par Artcurial, s’annonce historique. Au total, 350 lots sont prévus au catalogue de cette vente dont l’estimation globale est d’environ un million d’euros (une partie des bénéfices sera reversée à la Fondation Anne de Gaulle) et baptisée « De Gaulle, Une succession pour l’Histoire ». Ces derniers proviennent tous de la succession de l’amiral Philippe de Gaulle, le fils du général, décédé en mars dernier à l’âge de 102 ans, qui avait publié la quasi-totalité des manuscrits et correspondances personnels proposés ici aux enchères entre 1980 et 1997 dans les treize volumes des Lettres, notes et Carnets. À noter qu’en parallèle de la vente, Artcurial exposera pour la première fois au public (du 7 au 15 décembre), le manuscrit original de l’Appel du 18 juin 1940, rédigé par le général de Gaulle parti à Londres après la démission du gouvernement Paul Reynaud.

De Gaulle : un amateur d’horlogerie française

Parmi les écrits et souvenirs de « L’Homme du 18 juin », on retrouvera plusieurs documents importants dont un manuscrit pour La Discorde chez l’Ennemi, le premier ouvrage de l’officier de Gaulle publié en 1924 et relatant les causes de l’effondrement de l’Empire Wilhelmien pendant la Première Guerre mondiale (est. 50 000-60 000 euros). Les amateurs de correspondances privées pourront notamment enchérir sur divers échanges suivis avec son fils Philippe ainsi que des lettres familiales à l’image d’un émouvant instantané des combats de mai 1940 envoyé à sa femme (est. 7 000-8 000 euros).

Outre une grande partie de la vente dédiée à la bibliophilie, Artcurial dispersera sous le marteau du commissaire-priseur Stéphane Aubert, de nombreux objets personnels du général de Gaulle. Ce dernier, qui n’a jamais vraiment accordé une valeur particulière aux objets « de luxe », était néanmoins sensible aux maisons et signatures emblématiques du savoir-faire tricolore. La marque d’horlogerie française LIP, souvent représentée à son poignet, est l’une des manufactures que de Gaulle avait fièrement choisies pour représenter la France.

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C’est en 1958 que Charles de Gaulle reçut des mains de Fred Lip, une première montre de la manufacture bisontine. Visiblement touché par le cadeau, le général de Gaulle aurait en retour adressé une lettre de remerciement avec la dédicace suivante : « À Monsieur Fred Lip, grâce à qui je mesure les heures qui me sont comptées. ». Il s’agissait d’une référence équipée du Calibre électromagnétique R27 de LIP qui, d’après la légende, n’aurait pas quitté la table de chevet de l’ex-président de la République. Cette montre fut d’ailleurs vendue aux enchères par Artcurial en juillet 2019, atteignant la somme record de 32 500 euros, soit six fois son estimation basse. Un record prochainement battu sous le marteau ? Réponse le 16 décembre prochain toujours chez Artcurial, puisque la maison de ventes du rond-point des Champs-Élysées propose au catalogue, un second garde-temps LIP Calibre R27 ayant appartenu au « Grand Charles ». Dotée d’un boîtier rond façonné en or jaune et aux anses biseautées, cette montre produite entre 1958 et 1960 est numérotée « 17298 ». Elle devrait de toute évidence attirer l’oeil des collectionneurs avisés, son dos de boîte présentant la mention « Patent Pending », ce qui atteste que ce modèle est l’un des premiers exemples sortis d’ateliers. Son estimation ? Entre 6 000 et 10 000 euros.